Dans le terme Méditation Pleine Conscience (tant à la mode) le mot “conscience” nous ramène facilement dans notre culture au “mental, ou la conscience liée à la pensée”, Fabrice Midal propose une variante que je propose d’adopter, qu’il nomme Méditation Pleine Présence ( elle pourrait aussi bien s’appeler Méditation Pleine Conscience Somatique), ce terme met en avant l’aspect somatique de la conscience.
La méditation pleine conscience (mindfulness), est parfois décrite comme une méthode pour lâcher le mental, le fameux lâcher prise, si difficile à atteindre. Comme une technique difficilement maitrisable qui s’apparente a cette image tant diffusée d’une personne assise en tailleur, en position de lotus, qui se concentre pour que “cela vienne”, pouce et index réunis dans une attente rigide. Et s’il s’agissait , dit Fabrice Midal, juste d’amener une plus grande conscience corporelle tout d’abord?
La pleine conscience corporelle, que je choisis de nommer aussi pleine présence, se tisse à chaque inspire et chaque expire, la proposition est de se mettre en contact avec ce mouvement permanent: inspire, expire, mouvement pulsation universel du vivant, espace témoin du moment présent.
J’inspire le présent, juste ce qui est là, sans même besoin de savoir ce qui est là, je suis l’inspire, j’accueille cet air qui me pénètre, je le sens qui me nourrit et déjà l’instant d’après j’expire cet air dont je n’ai plus besoin, sentir que je peux le redonner, échange permanent avec le monde, inspire expire, je prends conscience de tout mon être, que je suis cet inspire , je suis cet expire juste au moment ou il me traverse, rien d’autre, je suis le récipient par lequel la vie s’exprime, il n’y a rien à en faire, rien à devoir chercher, juste se laisser traverser.
Réduire la méditation à une technique de bien-être, la limiter à l’utilitaire et au profit, c’est la désacraliser. Le temple, dans la méditation, c’est le vécu du méditant. Il s’agit de s’y livrer, de ne pas le contempler du dehors, ne pas observer la respiration, les sensations, les émotions, mais être chaque vécu. Lorsque le méditant consent à se mettre en jeu, chaque position, chaque mouvement du corps est ce lieu sacré où l’existence se révèle, dans sa totalité. Alors se révèle un corps de présence.
CHARLES GENOUD , Méditations boudhistes, au delà de la Quiétude et de l’Inquiétude. Ed.Rabsel, 2017
Référence : “Foutez-vous la Paix et commencez à vivre”, Fabrice Midal , éditions Flammarion